François Blais (1973-2021) est un auteur prolifique qui a remporté de nombreux prix. Également reconnu pour ses romans jeunesse (lire l’excellent Lac Adélard, récit d’horreur s’adressant aux 11 ans et plus), son nom a fait le tour des médias l’an dernier avec la publication posthume et controversée de son dernier roman jeunesse, Le garçon aux pieds à l’envers. Reconnu pour son humour parfois grinçant et décalé, Blais explore dans La seule chose qui intéresse tout le monde, son dernier roman « pour adultes », le genre de la science-fiction (l’action se déroule en 2098 dans un Shawinigan du futur) alors que les androïdes et l’intelligence artificielle concurrencent le genre humain.  Avertissement : nul besoin d’être un fan de science-fiction pour se laisser happer par ce court récit d’un peu moins de 200 pages.  La prose maîtrisée et les réflexions qu’il suscite en font un plaisir de lecture constant et stimulant.

FRANÇOIS BLAIS. L’instant même. 173p. 21,95$.

À la manière de la populaire série britannique Black Mirror, qui explore un futur proche en anticipant certains bouleversements occasionnés par les technologies, l’auteur américain Dave Eggers s’évertue, dans Le cercle, à dépeindre une dystopie où une entreprise du web devient un système d’exploitation universel mettant en place une ère hyper-numérique.  Cette entreprise, un genre de fusion des GAFAM de ce monde et désormais plus imposante et influente que n’importe quel État, est mue par un idéal de transparence et de bienveillance qui, poussé à ses limites, laisse entrevoir certaines dérives inquiétantes. On y suit une jeune femme ambitieuse, Mae Holland, nouvellement embauchée par la multinationale et qui sera progressivement impliquée dans certaines expériences repoussant les limites de la vie privée et de la connaissance humaine.  Sans rien divulgâcher, le roman se termine de manière bien plus surprenante que son adaptation au cinéma de 2017 (mettant en vedette Emma Watson et Tom Hanks) qui se veut beaucoup plus consensuelle…

DAVE EGGERS. Gallimard. 511p. 18,25$.

Depuis quelques années, les reportages et les documentaires visant à dévoiler les effets nocifs des écrans commencent à émerger et viennent tempérer l’enthousiasme des adeptes les plus convaincus.  Un des premiers à avoir sonné l’alerte est le docteur en neurosciences Michel Desmurget, dans un essai percutant publié en 2019 et dont le titre annonce la teneur polémique du propos : La fabrique du crétin digital. Les dangers des écrans pour nos enfants. Nourri de sciences et s’appuyant sur une imposante quantité d’études consacrées aux effets des écrans, l’auteur nous apprend que, contrairement aux idées reçues, la multiplication des écrans (et du temps de consommation s’y rattachant) est loin d’améliorer les aptitudes des enfants.  Au contraire, la consommation du numérique a des effets négatifs sur la santé, sur le comportement ainsi que sur les capacités intellectuelles.  L’ouvrage, de plus de 400 pages, demeure costaud mais l’auteur démontre un réel talent de vulgarisation et emploie un ton parfois sarcastique non dénué d’humour qui rend la lecture non seulement éclairante mais aussi réjouissante.

MICHEL DESMURGET. Points. 558 p. 17,95$.